help : mon enfant ne veut pas aller se coucher.

Un papa (ah quand même ;-) ) m'a écrit : "Chaque soir c'est la même chose. Ma fille ne veut pas aller se coucher. Elle pleure, rale, demande de l'eau, doit retourner au toilette, c'est sans fin! On met des fois deux heures à la coucher! Du coup le lendemain elle est épuisée et pleure quand on la réveille. On se dit que du coup ça ira mieux le soir puisqu'elle sera épuisée. helas non...ça recommence quand même. On a essayé les rituels...On en est à 40 minutes...  une petite video de cinq minutes puis une histoire puis une deuxieme puis le calin puis on revient pour le deuxième calin etc...quand j'essaye d'être ferme et de ne pas revenir elle hurle encore plus fort. j'ai peur qu'elle réveille son petit frère. Au secours!"

Aie, aie, aie...Encore une phase difficile à passer. Un jour, ça commence sans qu'on sache pourquoi. Notre enfant ne veut plus se coucher. Ou plutôt en réalité se met à angoisser à l'idée de se coucher. En effet, il existe de multiples raisons d'avoir peur de dormir chez l'enfant. C'est là que les angoisses ressortent. Il fait nuit, même avec une veilleuse. L'enfant est seul, même si ses parents sont à côté. Et rien ne lui permet de se changer les idées.

Le but est de rassurer l'enfant et de le laisser s'exprimer sur le sujet tout en l'empêchant de créer TROP de rituels qui pourraient devenir des petits tocs rassurants.

Tout d'abord discuter avec l'enfant en journée de cette angoisse. "Pourquoi ne veux-tu pas aller te coucher?". Certains vont parler de peur de loup, de sorcières, de monstres ou je ne sais quoi d'autre. La tendance serait de dire que ça n'existe pas. Certes. Sauf que dans ce cas précis, cela va permettre à l'enfant de représenter sa peur. Donc pour lui ça existe. Avant de lui dire que ça n'existe pas, faites le parler sur le sujet et essayez d'entendre ce qu'il vous dit dans le fond. Par exemple : "j'ai peur que le loup vienne me manger cette nuit quand je serais seule", ne balayez pas la question en disant : "ça n'existe pas, ce n'est pas possible."  mais entendez surtout le mot "seule!" et répondez lui qu'elle n'est pas seule et que vous êtes juste à coté.

Essayez d'entendre tout ce que vous dit votre enfant autour de cette histoire de monstre, loup ou autre. Il va pouvoir exprimer plein de choses, comme la peur de mourir. "J'ai peur que le loup me mange et que je meurs". Encore une fois, le problème n'est pas tant le loup que la mort. On peut la rassurer en disant que tout va bien et que quand on se couche on ne meurt pas, on se réveille le lendemain. Ce sont évidement des exemples.

Si votre enfant n'a pas peur de la mort ou de la solitude ce n'est pas la peine de lui en parler! Ecoutez sa détresse à lui.

Ensuite, il faut préparer l'enfant à aller au lit. L'idéal c'est de le faire en deux fois. Ce n'est pas la peine de lui dire dix fois. D'abord on ritualise la soirée. Par exemple :  "Tu vas manger, puis jouer 15 minutes puis on ira se coucher." Si l'enfant rale, ce n'est pas grave. Dites lui que c'est comme ça et changez de sujet.

15 minutes avant d'aller se coucher, c'est bien de prendre une horloge et de responsabiliser l'enfant. On va montrer à l'enfant où est la grande aiguille puis où elle sera quand elle ira se coucher. Les premiers jours vous revenez la chercher à l'heure pile (c'est important!). Les jours suivants vous la responsabilisez en lui disant que c'est à elle de venir vous chercher à cette heure là pour aller au lit.

On ne doit montrer aucun écran : tablette, téléphone ou télévision à l'enfant une heure avant le coucher. En effet cela stimule le cerveau et l'empêchera de dormir.

Avant de se coucher, comme on se lave les dents, on peut boire un verre d'eau et on doit aller au toilette. Une fois couchée on ne se relève plus.

Une fois au lit, un rituel ne doit pas durer 40 minutes. On ne doit pas stimuler le cerveau de l'enfant.  On met donc une lumière tamisée et on va rassurer l'enfant par sa présence. On va lui dire qu'on va lire une histoire et une seule (pas plus de 10 minutes!)! Elle peut choisir laquelle. On le fait. Puis un calin. Un bisou. Et bonne nuit.  

Si l'enfant appelle, vous allez le voir une fois. Vous lui dites : "tout va bien. On est juste à côté de toi. Tu peux dormir tranquillement". Et vous partez. L'idéal serait de ne pas revenir...

Mais bon...Certains enfants très angoissés rappellent souvent. Ne le sortez pas de son lit!  Rassurez le toujours d'une voix calme, soyez ferme et serein en restant de moins en moins longtemps jusqu'au chhhhuuuttt apaisant en restant à la porte sans aller jusqu'à son lit. Et enfin vous n'ouvrez plus la porte à la fin. Juste un "dors" ou un "chut" derrière la porte. Chaque fois que l'enfant essaye de vous parler, dites lui qu'il vous racontera cela le lendemain.

Chaque fois que le coucher se raccourcit, félicitez votre enfant le lendemain. "bravo! hier tu as su te coucher assez rapidement. Peut être que ce soir tu feras encore mieux!" jusqu'au jour où seul le rituel de 10 minutes maximum de la petite hitoire suffit. Là de sincères félicitations s'imposent le lendemain.

J'espère que cela fonctionnera. C'est encore une étape difficile et fatigante pour l'enfant comme pour ses parents mais ça aussi ça se règle un jour.

Courage,

Manannie